Le traitement orthopédique et conservateur
Les principes
Les traitements orthopédique, fonctionnel et conservateur reposent sur le principe de la guérison
naturelle et physiologique de l'organisme. L'organisme a les capacités de faire cicatriser de nombreuses
lésions, de nombreux traumatismes. En cas de fracture, d'entorse, de plaie ou de déchirure, l'organe
abimé fait un hématome, qui se fibrose ensuite pour être remplacé progressivement, grâce aux cellules de
l'organisme, par un tissu spécifique comme de l'os ou du tendon. Ceci nécessite du temps. La peau et les
muqueuses mettent un à deux semaines à cicatriser, les tendons au minimum 6 semaines. L'organisme continue
à remanier le tissu cicatriciel pendant longtemps, les tendons de la coiffe des rotateurs retrouvent
un aspect normal au microscope vers 4 mois. Le squelette se renouvelle entièrement en 7 ans, permettant
d'espérer des améliorations très tardives. Les tissus les plus spécialisés sont souvent les plus pauvres
en cellules, et auront plus de difficulté à cicatriser. Le thérapeute ne peut pas intervenir
pour l'instant sur les phénomènes de cicatrisation proprement dit. Les progrès à venir relèvent
du génie génétique et sont au stade de la recherche. Par contre le médecin et le chirurgien
interviennent pour orienter la cicatrisation : les points de suture maintiennent le contact entre
les berges de la plaie cutanée ou les extrémités tendineuses pour que le tendon ait la bonne longueur.
Le plâtre maintient les morceaux d'os fracturé en bonne position pour que l'os retrouve sa forme originale
ou optimum, et surtout, il permet l'ossification de la cicatrisation fibreuse. En cas de mouvements permanents,
les ponts osseux que les cellules osseuses essayent de faire au niveau de la fracture ne se constituent pas. La
cicatrisation osseuse ne se fait pas. C'est la pseudarthrose ou non consolidation des fractures, source de douleurs
et de déformation secondaires. La consolidation des os est différente selon le siège des fractures. Les diaphyses
osseuses, correspondent à l'os à moelle, bien connu des amateurs de pots au feu. La consolidation se fait
principalement par ossification de l'hématome à partir de la membrane, nommée périoste, qui entoure l'os :
c'est le cal osseux qui est visible sur les radiographies .
La consolidation est parfois difficile pour les
fractures instables. Au niveau des épiphyses près des articulations, l'os est spongieux, c'est-à-dire, réticulé.
En l'absence de chirurgie, la consolidation se fait toujours dans l'immense majorité des cas, à partir de cet
os réticulé sans qu'un cal soit visible sur la radiographie. Le problème est lié à la proximité de l'articulation.
Un déplacement important de la fracture modifiant l'harmonie de la surface articulaire, entraîne des douleurs et un
risque d'arthrose secondaire. La reprise est difficile.
Le processus de cicatrisation fibreuse ne se limite malheureusement pas à l'organe lésé, mais à toute la zone ou à la région. La cicatrisation fibreuse se fera au niveau de la section tendineuse mais aussi autours, faisant coller le tendon dans ses zones de glissement. La cicatrisation génère la réparation mais aussi des adhérences fibreuses, sources de raideurs, de diminution du mouvement. Il s'agit d'un processus naturel, probablement lié à la sélection naturelle, rustique et grossier mais qui a permis à la vie de se maintenir et de résister aux agressions extérieures. Le thérapeute intervient pour canaliser ce processus naturel pour en tirer le plus de bénéfice pour son patient. Ce processus de cicatrisation est autonome et n'est pas contrôlable pour l'instant par les thérapeutiques médicales. C'est l'objet de recherche médical dont on attend beaucoup pour faire progresser les traitements. Ce processus peut même se déclencher spontanément ou à distance du traumatisme comme dans l'algo dystrophie ou syndrome épaule-main. L'œdème, la douleur de la phase initiale, suivie d'une raideur fibreuse sont typiques d'un phénomène cicatriciel dont l'anomalie ne tient qu'à l'importance du phénomène par rapport à la lésion initiale absente ou à distance. Ces adhérences peuvent être diminuées par la mobilisation précoce que permettent certaines immobilisations et l'ostéosynthèse. Ceci justifie dans certain cas la chirurgie.
Il y a trois façons de favoriser la cicatrisation d'un organe lésé : le traitement fonctionnel, le traitement orthopédique et la chirurgie.